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DES NOUVELLES DE CHINE...
Cette page contient les textes des jours 8 à 14 (semaine 2).

Textes du jour 1 au jour 7 (29 mai au 4 juin 2012)
Retour aux textes de la semaine en cours


5 juin

Jour 8 : Mao et les concubines de la Cité interdite
Par Dominique Labrie


Aujourd’hui, nous avions une journée très chargée : Le Mausolée de Mao, la place Tian’anmen, la Cité interdite, la maison de thé, le quartier 798 et la rue des mille bars. Avec cette panoplie d’endroits visités, j’ai dû faire le tri et choisir seulement deux emplacements. J’ai donc choisi de vous parler du Mausolée de Mao et de la Cité interdite.

Lors de la visite au Mausolée de Mao, construit en l’honneur de sa mort en 1976 tout prêts de la Place Tian’anmen, constitue assurément le site historique le plus fréquenté de Pékin. La plupart des touristes sont composés de Chinois qui viennent de toutes les régions de la Chine. Afin de se rendre à l’intérieur du bâtiment, une longue file de gens serpentait la place. À l’intérieur de celle-ci, les gens se bousculaient et certains tentaient même de nous dépasser. De plus, plusieurs soldats étaient placés de chaque côté de la corde afin de presser les gens. Aucun sac, ni appareil électronique n’était accepté et nous devions passer sous un détecteur de métal. Après cette longue procédure, nous avons pénétré dans le monument. D’ailleurs, les visiteurs du Mausolée avaient la possibilité d’acheter des fleurs jaunes afin de les déposer au pied de sa statue (qui faisait au moins 4 fois la dimension du Mao réel), située à l’entrée du bâtiment. En entrant dans le Mausolée, les touristes étaient tenus au silence afin de montrer du respect à l’ancien chef du Parti communiste chinois. Une atmosphère de dévotion régnait. Après l’observation de la statue, nous avons été dirigés vers une autre salle qui contenait le tombeau de Mao. Un grand bloc de verre entourait le tombeau, nous pouvions donc voir le corps de Mao et sa tête, qui était éclairée, dépasser de son cercueil. Nous disposions de quelques secondes pour l’apercevoir. En sortant du bâtiment, j’ai éprouvé une étrange sensation et j’ai réalisé et compris ce que subissaient les gens qui vivent dans un pays où la dictature règne et où l’emprise du chef au pouvoir est si forte que même après sa mort, ceux-ci continuent de le vénérer. Encore aujourd’hui, des dizaines de milliers de Chinois parcourent des centaines de kilomètres afin de lui rendre hommage. De ce fait, j’ai pu établir un lien avec mon impression et mes observations et l’hypothèse qu’a lancé la guide pékinoise. Celle-ci nous expliquait que 50 ans après la révolution culturelle, 40 ans après la mort de Mao et 20 ans après le massacre de Tian’anmen, l’image de Mao diffère fortement. Tina, notre guide, visait juste lorsqu’elle distinguait les étrangers et les intellectuels chinois des paysans et des classes populaires. En effet, les étrangers et intellectuels chinois, ont une image assez négative et ont gardé un souvenir amer de Mao tandis que pour les paysans et les classes populaires, le grand timonier reste encore un héros à leurs yeux. Nous pouvons donc clairement constater que la façon de percevoir Mao est influencée par la position sociale.

Le second endroit visité est la Cité interdite qui a été construite en 1420. Jusqu’en 1946, tous les empereurs ont vécu dans cet endroit grandiose qui fait plus de 74 hectares. Ce bâtiment ne servait pas uniquement de domicile aux empereurs, il accueillait aussi les concubines de ceux-ci. En fait, l’empereur avait l’embarras du choix afin de s’assurer un héritier. Le processus de sélection des concubines était par contre long et complexe. Les demoiselles âgées entre 13 et 17 ans étaient convoquées et subissaient plusieurs examens. Les critères les plus importants étaient la beauté parfaite et les bonnes manières. De ce fait, une odeur corporelle nauséabonde, une quelconque imperfection ou encore la présence de cicatrices n’étaient pas tolérées. La jeune fille se voyait donc automatiquement éliminée et ne pourrait jamais être choisie pour faire partie des concubines de l’empereur. Après la sélection des concubines, celles-ci étaient confinées à leur domicile où elles pouvaient effectuer diverses activités comme la peinture, la couture et jouer de la musique. En aucun cas, elles ne pouvaient sortir de la Cité. L’empereur voyait ses concubines seulement après le processus de sélection. Lorsqu’il avait envie de passer la soirée avec une femme, les eunuques lui apportaient la fiche descriptive de chaque demoiselle et l’empereur faisait son choix. Avec ces nombreuses informations, nous pouvons constater que le pouvoir était uniquement masculin et que les femmes ne jouissaient pas d’une grande liberté puisqu’elles étaient considérées comme étant inférieures à l’homme. Elles devaient obéir à chaque désir de l’empereur et ne pouvaient jamais se plaindre. En voyant toutes les restrictions imposées aux concubines, alors que l’empereur pouvait faire tout ce qu’il voulait, nous pouvons constater de manière évidente, les grandes inégalités qui existaient entre les sexes, à l’époque.

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6 juin

Jour 9 : Le Soho pékinois
Par Alexis Grondin


Aujourd’hui, c’était journée libre. Avec quatre autres étudiants et Benoit, j’ai décidé de retourner au quartier 798, le Soho pékinois. Malheureusement pour nous, il s’agissait d’une journée extrêmement torride. À Beijing, cela signifie une pollution ambiante étouffante, qui recouvre le ciel de même que les immeubles les plus hauts d’un voile blanc impénétrable. La chaleur rend toute pensée difficile, et le simple fait de marcher ou de soutenir une discussion devient rapidement épuisant, voire impossible à faire de manière cohérente. Les odeurs ambiantes, le bruit parfois assourdissant des klaxons et de la circulation, le harcèlement quasi omniprésent des vendeurs ambulants, voilà qui est suffisant pour rendre tout déplacement grandement pénible. L’enfer, c’est Pékin, résume une de mes amies qui m’accompagnait. Dans ce climat aride, notre groupe décide rapidement, après quelques mauvaises décisions au moment de choisir la direction à prendre, de se scinder en deux groupes de trois et de se rendre à la station de métro la plus proche. Cela devait se révéler une entreprise malheureuse. Les deux chauffeurs de taxi, ayant reçu des indications d’une clarté très limitée, nous ont transportés vers des stations différentes. Nous retrouver, sans plan ni moyen de communication, s’est révélé impossible. C’est donc séparément que nous nous sommes dirigés vers le district artistique de Beijing. Dans le métro de Beijing, j’ai remarqué un moyen de diffusion de la publicité qui semble jusqu’à présent avoir échappé aux entreprises de marketing québécoises. Sur les parois du tunnel se trouvaient des écrans diffusant des publicités synchronisées au mouvement du wagon. L’art de vendre se surpasse toujours en innovation. Regarder par la fenêtre de ce dernier équivalait maintenant à observer une affiche de publicité. Le marketing étant une activité économique en constante expansion, il ne me fait aucun doute que nous retrouverons bientôt ce type de publicité dans nos wagons de métro.

Arrivés au quartier 798, nous avons pu relacer avec ce quartier éclectique où l’art semble envahir chacun des murs et s’être engouffré dans chacun des immeubles. Ce quartier auparavant réservé à des usines a connu un incroyable changement depuis la libéralisation progressive de la Chine. Au tout départ, il s’agissait d’une propriété entièrement gouvernementale. Un partenariat entre la Chine et l’Allemagne de l’Est a par la suite pris le contrôle du quartier, entamant la transformation massive qui devait suivre. Les parts étatiques se sont tranquillement glissées entre les mains de propriétaires privés, jusqu’à ce que le quartier devienne ce qu’il est de nos jours, un ensemble de propriétés privées, financées à même la vente d’art ou de produits d’inspiration artistique, où l’État n’a qu’un mot limité à dire. Le quartier a suivi une logique de spécialisation impeccable, et l’art y est omniprésent. Des statues sont présentes sur la plupart des rues, et les murs sont jonchés de graffitis. L’ambiance ainsi créée ne fait que bénéficier de l’aspect industriel du quartier et du délabrement des trottoirs et des rues… L’éloignement du quartier des artères principales, bien qu’il rende plus complexe l’accès au 798, a pour intérêt d’empêcher le quartier de devenir un lieu uniquement touristique. Étant tous les trois épuisés du tourisme de masse qui semble s’imposer dans les lieux historiques de Beijing, cet aspect ne pouvait qu’être apprécié. On ne retrouve que quelques boutiques commerciales, et la plupart des établissements de ce quartier ouverts au public sont donc des galeries d’art présentant des expositions diversifiées qui démontrent mieux que bien des choses la toute nouvelle liberté du peuple chinois.

Une des expositions qui nous ont frappés était une exposition créée par un artiste arabe, et qui avait comme thème la liberté. Après le printemps arabe de l’année dernière, cette exposition était on ne peut plus d’actualité. L’exposition comportait notamment un grand escalier en haut duquel se trouvait la peinture de deux ailes et l’inscription «I Am Free». Toute personne qui montait en haut de l’escalier se voyait photographiée, et son image accrochée sur la paroi de l’escalier. On y voyait donc les images de centaines de personnes, clin d’œil (je suppose) aux mouvements collectifs nécessaires aux révolutions. Ici, ce n’était plus l’art pour vendre, mais bien l’art pour faire passer un message. Quelques rues plus loin, ironiquement, se trouvait une exposition de propagande nord-coréenne. Dans un style monolithique digne de la Russie soviétique, l’exposition faisait la promotion des politiques et des prouesses de la Corée du Nord. Ici aussi on tentait de faire passer un message. Comme quoi l’art ne choisit pas de camp.

Cette journée-là, nous avons aussi visité une exposition d’art abstrait sur le thème de la destruction, qui ne passait aucun message, mais transmettait une forte émotion. Une autre exposition montrait des vidéos de visages de personnes en pleine jouissance, dans le but de provoquer certains et d’attiser la curiosité d’autres. L’art contemporain prend désormais toutes les directions possibles. On ne peut le réduire à l’art abstrait ou à l’art conceptuel, ou lui appliquer des règles quelconques. Pour le meilleur et pour le pire.

L’art fermant ses portes, à Beijing, autour de 18 h, nous sommes allés manger dans un restaurant à proximité du quartier. Par la suite, nous avons été engloutis, avec une foule de Chinois, par une bouche de métro, et nous nous sommes rendus vers notre hôtel. Pour me rendre à mon hôtel, je suis allé marcher dans les rues de la cité avec un autre étudiant. Ne trouvant pas le marché que nous cherchions, nous sommes entrés, un peu sans le savoir, dans l’archipel du Hu Tong, composé de centaines de petits îlots d’habitation labyrinthiques dont Beijing est parsemé. Loin du quartier huppé et moderne que nous avions tout juste quitté, il s’agissait de la manifestation de l’ancien Beijing. Il s’agissait du Beijing des casinos clandestins, des bars improvisés et des maisons surpeuplées. Plus loin, nous sommes entrés dans un magasin de vêtements où les vêtements, qu’ils soient de Zara ou de Louis Vuitton, n’étaient unis que par leur origine dans la contrefaçon. Nous avons donc pu nous frotter à une cité sale, décrépite, loin de l’autobus climatisé et des attractions touristiques. Loin de notre confort habituel. Je suis rentré à l’hôtel, j’ai pris une douche chaude et j’ai profité de la connexion internet haute vitesse. Voilà qui était mieux.

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7 juin

Jour 10 : Un art de vivre
Par Maude Leone


Ce matin, une seule et belle activité au programme : visiter le temple du Ciel et flâner dans son majestueux parc. Ce parc est le point de rencontre de centaines de Chinois (la plupart sont âgés d’au moins 50 ans) qui par groupe d’affinités, me semble-t-il, dansent, jouent au aki ou aux dames chinoises, pratiquent le tai-chi et socialisent dans une atmosphère pour le moins très conviviale. Sous un magnifique soleil de juin (en plein milieu de semaine), j’y vois des centaines de personnes, sourire aux lèvres, indubitablement bien dans leur peau, accomplissant de belles chorégraphies au rythme d’une musique qui m’a paru enchanteresse. Dans quel pays d’Occident, dites-moi, puis-je retrouver cela? Pas au Québec, me semble-t-il! Pendant ces deux heures passées à observer ces Chinois (des femmes en majorité), il me paraît évident qu’ils possèdent un art de vivre dont je désespère, à mesure que le temps s’écoule, de plus en plus l’absence chez nous.

À ce titre, l’Asie et sa culture plusieurs fois millénaire peuvent facilement nous en montrer. Alors que nous, occidentaux, pratiquons un culte de la jeunesse et de la vitesse, la culture chinoise reste marquée (mais, comme le pensait une de nos guides, cela est en train de changer chez les jeunes, de plus en plus gagnés aux valeurs de la société de consommation) par la valorisation du vieil âge, un profond respect des aînés, l’éloge de la sagesse, d’une certaine lenteur, de l’harmonie et de l’équilibre corps-esprit. En tout cas, ils étaient vraiment beaux à voir, tous paisibles et souriants, la liberté et la quiétude incarnées pour ainsi dire.

Pendant notre temps libre, certains globules en profitent pour se joindre à eux dans leurs divers jeux et j’ai le plaisir de rencontrer un groupe d’excentriques, mais charmants sexagénaires qui se préparent à donner un petit spectacle de danse avec musique et costumes. Ils m’appellent « Jianada! Jianada! » (« Canada » en mandarin) une fois que je leur dis d’où je viens, tous excités, et complimentent la blancheur (extrême, merci soleil de me le rappeler depuis qu’on est arrivés) de ma peau et ma calligraphie alors que je rédige quelques lignes dans mon journal de bord. Ils semblent même déçus lorsque je leur fais savoir que je dois partir!

Ensuite, c’est la visite du temple du Ciel, qui est divisé en trois parties pour différents rituels. Notre guide Tina, nous explique que les Chinois sont très superstitieux : « si l’on ne croit à rien, » dit-elle, « on vénère tout ». L’iconique temple est, en fait, un endroit pour donner des offrandes au ciel et à la terre pour assurer les bonnes récoltes. La forme ronde, omniprésente dans son architecture, représente le ciel (aussi représenté par la couleur bleue des tuiles), mais il y a aussi présence du carré symbolisant la terre. Cela rappelle aussi la forme de la tortue, qui dans la culture chinoise est synonyme de longévité, mais rappelle aussi le ciel par sa carapace ronde, et la terre par son corps carré; ce sont des éléments qui, à travers l’Histoire, sont souvent reflétés à plusieurs niveaux de la culture chinoise (comme les anciennes pièces de monnaie, rondes avec un trou de forme carrée au centre).


Une fois la visite terminée, on part vivement pour aller dîner (ça ouvre l’appétit, être en Chine, quoi), un habituel repas au style chinois avec beaucoup trop de bouffe beaucoup trop bonne. Le festin est suivi d’une visite de l’Opéra national, construit peu avant les Jeux olympiques de 2008, et surtout très majestueux, avec trois différentes salles et au moins six étages au grand total. L’art à son plus « fancy ».

C’est un assez fort contraste lorsque l’on commence la visite d’un Hutong, soit « vieux quartier », d’abord à pied pour découvrir les habitations d’une famille locale qui, depuis les Jeux, loue deux de ses chambres comme une auberge. C’est assez impressionnant de voir ce type de maison : la cour au milieu plutôt que derrière, et qui devient une sorte de couloir extérieur par lequel chacune des pièces séparées est accessible de façon individuelle. Nous ne sommes pas les seuls à faire la visite, accompagnés d’Allemands, de Coréens, et d’Espagnols qui semblent tout aussi fascinés que nous. Enfin, treize cyclopousses bien alignés nous attendent pour une promenade à travers le quartier, avec des chauffeurs extrêmement aimables et sympathiques (comme la très, très grande majorité des Chinois - vlan, le stéréotype comme quoi ils sont froids, dans tes dents!) qui, surtout, ont des jambes d’acier.

En faisant le tour, on assiste à un déploiement du mélange de l’ancien et du nouveau assez particulier : nous savons pertinemment que nous sommes dans un quartier presque patrimonial, mais pourtant, certaines rues sont composées de bars et de terrasses d’un style qui attire beaucoup les jeunes, avec des divans colorés sur le trottoir et des scènes à l’intérieur pour des spectacles de musique, assez pour rappeler l’ambiance du quartier 798. Avec la modernité, même dans les vieux quartiers spécialement conservés par l’État, on est témoin du fait que les modes de vie plus « traditionnels » se perdent de peu à peu, surtout en ville, ce qui se manifeste non seulement au niveau social, mais aussi dans la facette même de la métropole. Et d’entrer dans le Hutong, c’est comme de passer un moment dans une autre époque (mais seulement si l’on peut oublier qu’on vient presque de se faire renverser par une mobylette au klaxon aussi strident que les chants de l’opéra chinois.

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8 juin

Jour 11 : Xi’an : berceau de la Chine impériale
Par Eliane Payette


Longue nuit de train Pékin-Xi’an. Le train… ah le train et ces fameuses couchettes molles. Je crois que le concept de mou doit être redéfini. Le mou en Chine, c’est l’équivalent d’un tapis bas de gamme sur la dalle de béton voyez-vous ce que je veux dire!? Cependant, tout le monde a réussi à dormir. Certains sur les gravols et d’autres simplement bercés par le train. Au matin le réveil fut abrupt. L’hôtesse grincheuse a décidé de faire le ménage. Ma première réaction fut « mais qu’est-ce c’est ça? » La question persiste, à savoir pourquoi les Chinois sont-ils si nonchalants et irrespectueux de l’espace privé? Voici ma propre réponse. La Chine compte la plus grande population du monde. Une moyenne ville chinoise est équivalente en population à la province de Québec. Entendu qu’il y a une forte densité de population dans les villes (50 % de Chinois habitent en milieu urbain), la définition d’espace privé communément appelé « bulle » est quasi absente, du moins pas dans les lieux publics.

La nonchalance est, elle aussi, une question culturelle, due en bonne partie au communisme. Tina la guide locale de Pékin nous a expliqué que pour ses compatriotes le régime communiste est quelque chose de bon puisque sinon comment contrôler et satisfaire une population de 1.35 milliard de personnes. Pour eux, ce ne sont pas toutes les décisions qui sont bonnes, mais chacune d’entre elles est considérée comme la meilleure pour une majorité de personnes. Les Chinois pensent collectif et efficacité. Alors dans l’exemple de l’hôtesse de train, cette jeune chinoise pensait d’abord au collectif, le train doit être propre, plus qu’à l’individuel, quelques personnes vont être réveillées. Sociologiquement, on peut affirmer que la mentalité collective de la Chine est celle d’une société holiste dans laquelle le nous domine encore le je.

Au petit matin, en sautant sur le quai bondé (Xi’an est une ville de 8 millions d’habitants!) de la gare, nous avons fait la rencontre de notre nouvelle guide locale, Marguerite de son prénom francophone. Ensuite, c’est avec enthousiasme que nous avons découvert l’hôtel avec un grand « H », très luxueux avec de vastes chambres et des déjeuners américains (œufs, bacon, jus d’orange, etc.!!!). Que c’était délicieux! Mais comme nous ne sommes pas venus en Chine bruncher dans des hôtels 5 étoiles, nous nous sommes dirigés vers la grande attraction touristique de la province de Shanxi : l’armée de terre cuite.

C’est le premier empereur de la Chine unie qui a fait construire cette immense nécropole composée d’une armée pour le protéger dans l’autre monde. Lorsqu’il monte sur le trône à l’âge de 13 ans, il ordonne la mise en branle des travaux qui dureront 36 ans, soit jusqu’à sa mort à l’âge de 49 ans. Pendant son règne, grâce à sa puissante armée et à de judicieuses alliances, il procède à la réunification de la Chine. Il fait de nombreuses choses qui sont encore au cœur de l’unicité de la Chine : la monnaie, une langue écrite unique, un système judiciaire, des lois, la grande muraille, des provinces ainsi que la première grande route de Chine de 2000km. Toutes ces nouvelles infrastructures coûtent cher et le peuple va se révolter non pas contre lui, mais contre son fils qui a pris la relève. En espérant que ce petit topo ne fut pas trop lourd du moins pas autant que celui que nous a servi notre guide.

Chose certaine cependant, la visite de cette fameuse armée en a déçu plusieurs. On est ici dans le tourisme de masse organisé : des autobus par dizaine dans le stationnement, des hordes de touristes de toutes nationalités qui caméra ou iPad ou iPhone à la main, cherchent a prendre le cliché démontrant à leurs proches qu’ils étaient là, juste a coté de ce vaillant guerrier en terre cuite exposé dans sa boîte de verre. De plus, pour d’autres, ce qu’ils ont vu décevait leurs attentes; par exemple, il y avait la soudaine prise de conscience d’un fossé entre les photos des guides de voyages et ce qu’ils pouvaient voir sur place, dans ce site archéologique (découvert par accident en 1974 par 3 paysans creusant un puits) exceptionnel devenu aujourd’hui un méga musée comme il y en a de plus en plus sur cette petite planète mondialisée.

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9 juin

Jour 12 : Chronique Xi’annoise
Par Marie Michèle Paquin


Tout comme les jours précédents, nous avons eu une journée chargée aujourd’hui! Suite à notre copieux déjeuner à l’hôtel, nous avons pris l’autobus afin de nous diriger vers les remparts de la ville de Xi’an. Une fois arrivé à destination, nous avons formé des équipes de deux pour faire du vélo tandem sur ces gros murs de briques. Bien qu’il fit 35 degrés Celsius et que certains eurent omis de se mettre de la crème solaire, ce fut un moment bien agréable. De ces remparts, nous avions une vue superbe sur l’ensemble de la ville, autant sur les vieux quartiers que la partie plus industrialisée de Xi’an. C’était une activité sportive qui changeait des visites guidées. Même les étudiants qui ne savaient pas faire de la bicyclette prirent leur courage à deux mains et finirent par embarquer sur un tandem, guidé par notre accompagnateur Jean-François.

L’heure du dîner arriva, nous nous sommes rendus dans un très bon restaurant de fondue chinoise. En Chine, la notion de collectivité influence énormément l’ensemble de la culture, cela se reflète jusque dans leur façon de manger. Alors qu’au Québec nous mangeons tous dans notre assiette individuelle, les Chinois mangent ensemble dans plusieurs plats différents. Par contre, un paradoxe intéressant fut soulevé par plusieurs; la fondue chinoise est l’un des seuls plats que nous avons l’habitude de manger collectivement alors qu’en Chine, chaque personne possède son propre plat à fondue dans lequel elle fait cuire les éléments qu’elle désire.

Nous avons par la suite visité un important musée de Xi’an, soit le musée de la province de Shaanxi. Celui-ci présentait l’historique de la ville depuis sa fondation, en exposant divers outils utilisés dans le passé par les premières populations (armes, poteries, etc.) et en montrant l’évolution que connut Xi’an au niveau des habitations et de ses diverses infrastructures. Bien que ce musée était intéressant et impressionnant, j’eus de la difficulté à profiter du moment puisque je me faisais bousculer d’un côté puis de l’autre par les nombreux touristes qui voulaient prendre des photos de TOUT. Le tourisme de masse est un phénomène touchant de plus en plus la Chine et cela se remarque par le nombre flagrant d’autobus qui nous suivent dans la majorité des endroits que nous visitons, puisqu’ils possèdent le même parcours que nous. Effectivement, la plupart des endroits que nous fréquentons (restaurants, salles de spectacle, etc.) semblent être adaptés de manière à plaire aux étrangers. On y retrouve d’ailleurs majoritairement une clientèle composée de touristes. De plus, les sites patrimoniaux chinois sont conçus de manière à exalter la grandeur de la Chine, à impressionner. N’y aurait-il pas là une sorte d’instrumentalisation politique (promouvoir le patriotisme dans la population en créant un sentiment de fierté et d’appartenance) du passé de l’Empire du Milieu, de son patrimoine imposant? Serait-ce là la ‘nation building’ à la chinoise? Chose certaine, politique et commerce font ici bon ménage; partout dans Xi’an l’on retrouve des statues de l’armée de terre cuite devant de nombreuses boutiques et même devant certaines habitations. Une grande partie du musée de Shaanxi est d’ailleurs réservé à cette merveille du monde.

Notre dernière visite de la journée fut celle du parc de la Pagode des oies sauvages où se trouve un temple bouddhiste d’une quarantaine de mètres. D’ailleurs, dans le passé, les moines ont voulu retirer une quantité trop élevée d’eau dans les naphtes phréatiques situés en dessous de la pagode et cela a causé un affaissement du terrain et donc, une inclinaison de ce patrimoine.

Finalement, nous avons conclu la soirée par un souper dans une salle de spectacle où nous avons eu la chance d’assister à un magnifique spectacle de danse et musique traditionnelle. Nous avons eu droit à des chorégraphies gracieuses et des costumes colorés. Encore une fois, la salle était emplie d’Occidentaux qui appréciaient la prestation à coup d’applaudissements.

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10 juin

Jour 13 : Il était une fois
Par Léa Proulx-Beaudet


Il était une fois 25 Québécois de l’autre côté de la planète. Le début de l’histoire, vous le connaissez déjà, d’autres l’ont conté avant moi. Afin d’éviter les répétitions, il sera jugé inutile de tout vous narrer du commencement. Non, mon histoire débute plutôt au quatorzième jour de leur périple, le 10 juin 2012.

C’est à 10 h, après un délicieux festin matinal, qu’ils ont quitté le château où ils ont été logés durant les deux derniers jours. Dans leur diligence à moteur, je parle ici de ce qu’on nomme un autobus, ils se sont dirigés vers le centre-ville de Xi’an, emplacement d’un important quartier musulman ainsi que de la grande mosquée de la ville. La construction de celle-ci date de la dynastie des Tang, bien qu’elle se soit étendue sur d’autres. À l’entrée du site, quelques damoiselles du groupe ont dû se couvrir les épaules d’un châle, leur tenue étant considérée comme trop légère pour la visite. La mosquée s’est proposée, en mon sens, comme un agréable mélange entre l’architecture traditionnelle chinoise et la culture entourant la religion musulmane. Dame Marguerite, la guide de Xi’an, a expliqué brièvement à la troupe de voyageurs l’historique de l’endroit et a mentionné que cette mosquée est essentiellement destinée à la gent masculine musulmane. Malheureusement pour ces avides de connaissances, la salle de prière n’a pu être accessible à aucun de ces aventuriers, car nuls ne pratiquaient l’Islam. La visite de ce lieu de culte a offert aux voyageurs une autre vision de la religion pratiquée par la population chinoise (il y a 16 millions de musulmans en Chine). D’ailleurs, un tel site brise un stéréotype encore présent chez beaucoup de personnes, soit l’idée selon laquelle tous les Chinois sont de confession bouddhiste. Pourtant, plus d’une minorité ethnique chinoise, comme les Ouïgours et les Huis, pratique la religion musulmane et de nombreux Chinois sont chrétiens.

Suite à la visite des lieux, rapide mais enrichissante, quatre-vingt-dix minutes de temps libre furent données aux protagonistes. Minutes qu’ils écoulèrent à photographier les environs et à faire le plein de souvenirs et de victuailles au marché pour d’autres. Ainsi, dans l’habitat naturel de centaines de commerçants avides de clients occidentaux, eux-mêmes avides de produits bon marché et de marchandage, certaines bourses d’abord bien remplies ont subi un régime miracle des plus efficaces. Résultat : produits de contrefaçon, bijoux, vêtements, services à thé cherchent logis dans un sac de voyage déjà bien plein. Un véritable jeu de tétris!

C’est la tête remplie d’images et d’odeurs nouvelles que nos valeureux aventuriers sont retournés à bord de la diligence, bien confortablement assis au frais. Direction : le même restaurant que la veille au soir où ils ont festoyé allègrement. C’est vers la gare qu’ils se sont dirigés par la suite; un TGV les y attendait. Leur destrier sur rail les entraina dans la ville de Luoyang où ils durent descendre en moins d’une minute. Un train allant à une vitesse de 300 km/h, un arrêt d’une seule minute, voilà de belles images proposant une caractéristique importante dans une société industrielle, soit l’idée que tout doit être fait rapidement, car, comme l’expression le dit, le temps, c’est de l’argent. D’ailleurs,
c’est en une heure et quarante minutes, contrairement à cinq heures deux années auparavant, qu’ils ont parcouru le trajet.

C’est ainsi que, vers 17 h 40, 25 petits Québécois courageux ont posé le pied dans le royaume de Luoyang, une moyenne ville de 6 millions d’habitants s’étendant sur environ 15 000 km2. Dans un climat blanchâtre de smog/brume, les aventuriers se sont dirigés vers leur domaine éphémère et ont, entre temps, fait la connaissance d’une nouvelle guide, la fée Vivianne. Après un repas et une douche bien mérités, la troupe s’est séparée dans les différentes chambres. Plusieurs de nos voyageurs ont décidé de passer la soirée dans un bar à karaoké où, dans un salon privé, ils ont multiplié les interprétations douteuses des chansons à succès de notre ère. Ils ont d’ailleurs été témoin de l’uniformisation de la culture de masse à l’échelle planétaire. Celle-ci leur a permis de faire valoir leur talent, parfois trop bien caché, sur les airs de Madonna, Green Day et Céline Dion, et ce, même en Chine. Ils allèrent se coucher pour une courte nuit. Ils vécurent heureux et peut-être auront-ils beaucoup d’enfants.

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11 juin

Jour 14 : De Bouddha à Bruce Lee
Par Léa-Paule Boudrias


Ce matin-là, même le déjeuner fut animé. Nous contemplions le décor de la salle à manger du grand hôtel de Luoyang. Le décor d’inspiration grecque, le faux ciel peint au plafond et les dauphins à côté du buffet nous ont tout de suite mis le sourire aux lèvres. Cependant, un véritable coup de cœur esthétique nous attendait un peu après dans la matinée. En effet, à 13km au sud de Luoyang (la capitale de l’empire durant 10 dynasties) se trouvent les fameuses grottes de Longmen. Site incontournable pour tout amateur d’art (d’ailleurs, les plus belles des 97 000 statues furent volées au début du dernier siècle et nombre d’entre elles se retrouvent aujourd’hui dans plusieurs musées occidentaux), ces grottes bouddhiques sont situées sur les falaises des deux côtés du fleuve jaune et furent réalisées du 5e au 8e siècle, à la demande des familles riches de l’époque (sous les dynasties Wei du Nord, Sui et Tang). Les Bouddhas admirablement sculptés dans la pierre ont pris différentes formes au fil du temps; par exemple, les sculptures de la dynastie Sui, avec leurs visages énormes, nous semblent plus imposantes et statiques que celles érigées sous les Tang, plus dynamiques, drapées sont-elles dans des vêtements moulants des corps plus filiformes.

Après le dîner, nous sommes allés visiter le vieux quartier de Luoyang. C’était un marché extérieur typique avec un sol en pierre polie par les années. Sur une petite rue étroite, il y avait des magasins d’animaux domestiques. Nous avons tout de suite remarqué que nos standards occidentaux par rapport aux traitements de ces animaux différaient de ceux des Chinois. Par exemple, d’innombrables chatons et chiots entassés dans de petites cages semblaient souffrir énormément de la chaleur écrasante qu’il faisait en ce début d’après-midi. La promiscuité dans laquelle sont contraints à vivre les Chinois rendrait-elle celle des animaux plus acceptables? En même temps, faisons attention au jugement hâtif; pensons au traitement réservé à nos petites bêtes dans certains pet shops bien de chez nous…

Enfin, après un trajet d’autobus sinueux, nous sommes arrivés aux portes d’une école de kung-fu à Shaolin, la capitale des arts martiaux en Chine. Nous avons vu des dizaines et des dizaines d’étudiants de 5 à 19 ans en train de faire des exercices et toutes sortes de chorégraphies ou en train de faire des pirouettes sur le gazon ou même de manier de longues épées avec une agilité impressionnante. Nous avons par la suite suivi nous-mêmes un cours de kung-fu. Notre professeur chinois nous enseignait une routine d’une vingtaine de mouvements qui nous demandait toute notre souplesse, notre concentration, notre force musculaire et, surtout, notre mémoire. Tout le groupe a éprouvé de la difficulté à se rappeler l’enchaînement exact des mouvements. Notre Bruce Lee en perdait patience et ne comprenait pas pourquoi nous n’étions pas capables de mémoriser un enchaînement qui lui semblait si simple pour lui. Manifestement, nous avons dû paraître pas mal empotés à ses yeux, avec nos simagrées et nos ‘sparages’ pas synchronisés du tout! Comme quoi, cet art martial demandant une grande maîtrise de soi et un corps souple et bien entraîné, relève d’une culture qui n’est pas la nôtre. On peut cependant se consoler en pensant que notre Bruce Lee d’un jour aurait pas mal l’air fou avec des patins et un bâton de hockey!

Pour terminer notre journée, certains d’entre nous sont allés manger dans un petit restaurant rustique à Shaolin. Après avoir enfin réussi à communiquer notre commande, le serveur a traversé la rue pour revenir quelques minutes plus tard avec un poulet vivant; celui que nous allions bientôt déguster! Événement inoubliable et poulet savoureux au menu ce soir-là.

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