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DES NOUVELLES DE CHINE... JOUR 19 (Dernier texte de la semaine 3)

Pour lire les textes des deux semaines précédentes,
suivez les liens ci-dessous.
Textes du jour 1 au jour 7 • (29 mai au 4 juin 2012)
Textes du jour 8 au jour 14 • (5 juin au 11 juin 2012)


16 juin

Jour 19 : Bye Bye Shanghai
Par Francis Duval


Aujourd’hui, nous nous sommes réveillés dans le décor charmant de l’auberge de Suzhuo. Après un petit-déjeuner mi-occidental, mi-chinois, nous nous sommes rendus au Jardin de Penjing, où l’on entretient des bonzaïs. La culture du bonzaï provient de la Chine et du Japon, mais le mot est japonais. Au jardin, il y a des bonzaïs qui ont jusqu’à 400 ans! Cette grande nature en petit pot requiert beaucoup d’attention et de soin. Les jardins menaient naturellement à la colline du Tigre. Tout le site est construit autour de ruisseaux. La nature cohabite avec les constructions de l’homme. La colline du Tigre est l’endroit où se trouve le tombeau du roi de Wu (le nom de son royaume au 5e siècle de notre ère). Elle tire son nom d’une légende selon laquelle des envahisseurs auraient ouvert le tombeau et auraient été accueillis par un tigre. La force du félin aurait fait pencher la pagode qui se situe au sommet de la colline. Aujourd’hui, cette tour est toujours existante. Elle est plus inclinée que la tour de Pise! Même si l’on se trouvait dans un haut lieu touristique, l’environnement était apaisant, grâce à la grande place que la nature y occupe.

Après notre passage sur ce site, nous avons visité une fabrique de soie. D’année en année, la confection de la soie s’est modernisée, et aujourd’hui, les ouvriers travaillent avec des machines, mais tout n’est pas automatisé. De la naissance des vers à l’aboutissement d’un fil de soie, il s’écoule plusieurs mois, et le processus est toujours le même qu’il y a des centaines d’années. Depuis le début de la commercialisation de la soie, la Chine a toujours bénéficié d’une bonne réputation pour sa qualité. Encore en 2012, cette industrie est une activité commerciale et touristique rentable pour la Chine, grâce aux exportations et aux achats locaux. Comme de fait, après notre court passage dans l’usine, nous avons eu la possibilité de faire des achats parmi des centaines de produits de soie, des articles de literie aux accessoires de mode. Nous étions plusieurs touristes à chercher les meilleures affaires, mais la qualité a un prix!

Nous sommes ensuite retournés à Shanghai en bus. Arrivés à l’hôtel, nous avons eu le temps de nous reposer, les courtes nuits commençant à avoir des répercussions… Pour le souper, nous sommes allés dans l’ancienne concession française, où nous avons mangé dans un restaurant d’inspiration allemande. Nous avons tous apprécié manger avec un couteau et une fourchette, la nourriture était d’autant plus délicieuse. De plus, c’était notre dernier repas de groupe, puisque le lendemain était une journée libre. Nous avons donc terminé cette grande aventure de groupe à ce souper! Le petit quartier est principalement piétonnier, et si ce n’était de la population chinoise, on pourrait se croire en Europe! En effet, les bâtiments sont majoritairement construits selon les standards français de l’époque. Aujourd’hui très en vogue, il compte plusieurs restaurants et bars ainsi que de petites boutiques. L’une des caractéristiques importantes de Shanghai qui font sa différence aujourd’hui est son ouverture sur le monde. À partir du 18e siècle, les Français, Anglais et Allemands y ont toujours eu pied. Les Russes ont longtemps été très présents. Plusieurs Chinois ont émis des critiques envers Shanghai, selon lesquelles on y dénigrerait la culture chinoise. Or, il y a toujours eu une cohabitation entre Chinois et Occidentaux dans la ville portuaire. Il est plus probable qu’aujourd’hui, on y ressente cette influence occidentale.

Pour souligner la fin imminente du périple en Chine, plusieurs ont décidé d’aller passer une soirée dans un bar de Shanghai. Nous nous sommes rendus à un établissement connu et approuvé par nos guides, mais, coup de théâtre, le Muse est devenu MUSE 2 et a été déménagé dans un quartier éloigné de son emplacement original! Nous sommes finalement arrivés au Muse 2, médusés par l’allure chic de l’endroit et un peu préoccupés par les Ferrari qui y faisaient face… Choc des cultures, en Chine, il est toujours permis de fumer dans les bars et restaurants, et les Shanghaïens en profitent. De plus, notre pouvoir d’achat canadien nous permettait d’acheter des consommations à prix presque dérisoires considérant l’allure de l’endroit et la faune qui s’y trouvaient. Qu’on soit ou non habitué de vivre le «nightlife» montréalais, le Muse2 était une première en son genre pour plusieurs. Un club d’une mégapole de 24 millions d’habitants peut difficilement ressembler à un bar de Montréal. D’ailleurs, tout au long de notre séjour, nous avons pris conscience qu’il est difficile de comparer notre ville natale aux villes que l’on visite. Par exemple, Suzhou est une moyenne ville en Chine, alors qu’elle compte pourtant près de huit millions d’habitants, de vastes infrastructures routières et un système de transports en commun. La ville a aussi un tourisme établi. Déjà, les différences entre nos repères occidentaux et cette ville sont extrêmement notables, alors comparer un bar de Shanghai à un bar de Montréal est impensable, comme pour les infrastructures, le coût de la vie, etc. Bref, nous avons terminé notre voyage en beauté, et avons fait les oiseaux de nuit à Shanghai. Certains ont même étiré leur soirée au McDonald’s. Même si l’on ne peut comparer Montréal à Shanghai, certaines habitudes restent les mêmes, peu importe où l’on se trouve…

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15 juin

Jour 18 : Suzhou ou la « Venise des pauvres »
Par Mario Marroquin


C’est par une journée grise que nous avons quitté, l’espace d’une journée, Shanghai pour faire escale à Suzhou aussi connue sous le nom de la « Venise de l’Orient » (appelé ainsi par nul autre que par le fameux navigateur Italien Marco Polo). Cependant, cette Venise n’est vraiment pas en Italie…

Tout d’abord, ce qui a frappé mon regard est la différence entre la Venise italienne et son homonyme chinois. Cette dernière compte 24 petits canaux entrecoupés de ruelles (ce qui lui rend son charme et son romantisme) habitées par des gens de la place et non par des hordes de touristes! Venise est aujourd’hui une ville-musée, ce n’est pas le cas de Suzhou. Et c’est tant mieux pour nous. Ce n’est pas l’opulence et la magnificence italienne que l’on rencontre, mais l’authenticité d’une vieille ville plusieurs fois millénaire. Comme il nous a semblé remarquablement authentique, l’opéra chinois (un duo d’artistes chantant des chansons d’amour en s’accompagnant d’instruments à cordes traditionnels) auquel nous avons eu le privilège d’assister juste après notre balade en bateau sur les canaux. C’est justement lors de cette petite croisière que nous avons pu noter la vie simple menée par ses riverains.

Je ne peux me permettre d’omettre ce que mes petits yeux d’historien en herbe ont vu. C’est en se promenant par les petites ruelles que j’ai constaté que cette ville compte beaucoup d'histoire à son actif avec près de 25 siècles; ce qui en fait l'une des villes des plus anciennes de la Chine. Par ailleurs, les reliques du passé sont encore très présentes de nos jours, comme l’utilisation du Grand Canal comme voie navigable. Ce dernier a été bâti (imaginez-vous) en 495 avant Jésus-Christ. De plus, cette voie navigable a permis à Suzhou de devenir la carte de visite pour les marchands de la soie. La ville de Suzhou constitue donc le berceau et la capitale de la route de la soie. Aujourd’hui, la modernité est définitivement installée dans cette ville de 8 millions d’habitants. Aussi, on peut certainement craindre que le gouvernement, enclin à poursuivre la modernisation à la vitesse grand « v », fasse peu de cas de la préservation du patrimoine architectural (une affaire de pays riches?) et culturel.

Je dirais, sans enlever tout prestige et beauté à la ville de Suzhou, que c’est une Venise tiers-mondiste. Ce terme, qui peut nous sembler aujourd’hui péjoratif, découle justement de l’époque maoïste alors que le gouvernement chinois reprenait la théorie des trois mondes : le premier monde composé des pays occidentaux capitalistes; le deuxième monde référant essentiellement aux pays communistes du bloc de l’Est et à la Chine; et, enfin le tiers-monde désignant les laissées-pour-compte du développement sur tous les continents. Si, aujourd’hui, il est plus « in » de parler de pays émergents et de monde multipolaire, il reste que la pauvreté fait encore partie de la réalité de Suzhou, surtout la vieille ville.

Quoi qu’il en soit, ce fut une visite agréable ou nous avons déambulé à notre guise par les rues et les petits ponts uniques et charmants. Moins touristique que Venise, plus paisible et enchanteresse que toutes les villes chinoises visitées, c’est avec regret que nous quittions Suzhou le lendemain après une nuit passée dans la plus belle auberge qui puisse exister (une vielle maison patrimoniale retapée avec grand goût pour gens de passage). Il est certain que nous nous souviendrons longtemps de Suzhou.

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14 juin

Jour 17 : Chronique shanghaienne
Par Éliane Morin


Après une grasse matinée bien méritée (les journées sont chargées en Chine!), nous partons aux alentours de 10 h vers le musée de Shanghai. Là-bas, la tradition côtoie le moderne dans cet établissement à l’architecture très branchée, mais aux expositions remontant aux plus vieilles dynasties. Les quatre étages présentent différentes salles d’expositions variées allant de sculptures et objets de bronze, jusqu’à des tableaux de calligraphies, en passant par les vêtements portés par les minorités ethniques. On y trouve aussi des expositions de monnaies, de jade, de masques ou de meubles, la plupart ayant appartenu aux dynasties Shang, Ming, Tang ou Qing. La visite se termine dans la petite boutique du musée ou bien des globules ont fait quelques achats de souvenirs ou de cadeaux.

Suite à un copieux dîner ressemblant à tous ceux vécus depuis les dernières semaines, nous nous rendons au Consulat général du Canada à Shanghai. Nous y rencontrons Andrea, au poste de représentante du Canada en Chine depuis un an, qui vient de l’île du Prince Édouard. Elle nous parle d’abord des différences entre la Chine et le Canada, ainsi que les liens entre les deux pays. Nous avons appris que les domaines priorisent dans les échanges sont justement les échanges et les investissements, la santé, l’environnement, la gouvernance ainsi que l’éducation. Ce qui fut intéressant de cette rencontre est lorsque nous avons pu lui poser toutes les questions qui nous passaient par la tête. Elle montra une très grande ouverture et une forte honnêteté. Son arrivée en Chine a demandé beaucoup d’accommodements étant donné que la vie y est très différente de celle du Canada. À son arrivée, tout était nouveau pour elle. Il lui a fallu s’habituer à la nourriture (étant donné qu’elle est végétarienne), au transport (les chauffeurs de taxi ne comprenant pas toujours notre accent lorsque nous leur demandons de nous rendre à un certain endroit...) et au fait que les Chinois suivent à la lettre les règles et la hiérarchie sociale. Toutefois, elle nous avoue qu’elle ne quittera pas la Chine de si tôt. Puisqu’elle a fait deux ans de mandarin et qu’elle commence à s’habituer à la Chine, elle voudrait poursuivre son mandat après ses trois ans. Cependant, elle voudrait changer de ville à cause de la pollution à Shanghai. Cela démontre qu’après un certain temps à vivre dans une autre culture, on prend quelques éléments de celle-ci pour l’inculquer à la nôtre. Le train-train quotidien des Chinois a beau surprendre bien des globules, il ne suffirait que de quelques mois de plus pour que nous vivions cette sorte d’acculturation.

En fin d’après-midi, nous nous rendons à la tour des communications, qui s’élève au-dessus de la nouvelle ville de Shanghai. À l’entrée, une mosaïque de photos prises chaque année depuis 1994 jusqu’à 2010 nous montre l’évolution de la ville. Au départ, à peine quelques édifices s’élevaient dans le ciel, mais chaque année un nouveau gratte-ciel se dessinait dans la photographie. À la dernière photo, en 2010, le paysage n’est plus du tout le même qu’en 1994. Shanghai est en constante expansion économique. Nous avons d’ailleurs pu le constater de nos propres yeux en montant 463 mètres dans un ascenseur qui nous a amenées tous en haut de la tour. De là, nous avons pu observer Shanghai de long en large et constater que cette expansion est loin d’être terminée, puisque de nombreuses constructions d’immeubles sont en cours. D’ailleurs, notre guide local en faisait la remarque ce matin même alors que nous traversions un vieux quartier de petites maisons résidentielles entourées de gratte-ciel. Il disait que dans deux ou trois ans, ces beaux petits quartiers seraient ras pour être remplacés par d’autres immeubles. Bref, nous sommes ensuite descendus de quelques mètres pour nous retrouver dans une boule de vitre ou nous pouvions marcher sur le verre et voir Shanghai sous nos pieds. Quelques globules ont eu le vertige, mais tout le monde a été assez courageux pour y jeter un coup d’oeil. Après la descente vers l’entrée, nous avons visité le musée de la tour des communications, qui est en fait un musée de cire dont les scènes retracent l’histoire de la ville de Shanghai.

Après le souper, la tant attendue croisière sur le Bund a enfin eue lieu! Nous avons pris place au plus haut niveau du bateau afin d’admirer Shanghai By Night. Les gratte-ciel s’illuminent pour les beaux yeux des touristes. Toutes les couleurs explosent de beauté. C’est un spectacle à vous en couper le souffle. Âpres une heure aller-retour à prendre des photos devant cette magnifique ville éclairée de mille feux et à simplement profiter de cette belle et paisible soirée, nous reprenons l’autobus jusqu’à l’hôtel, où une bonne nuit de sommeil nous attend.

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13 juin

Jour 16 : Quand l’autre, c’est soi
Par Alexandra Roy-Pineau et Benjamin Aucuit


Ce matin-là, le réveil des 23 globules fut plus matinal qu’à l’habitude. En effet, c’est à 5 h 30 du matin que nous avons dû nous réveiller suite à une nuit passée dans un « train-dortoir » avec couchettes dures (et pas de cabines, mais avec une enfilade de lits superposés à trois étages!). C’est donc avec le bruit des portes coulissantes, des bébés qui pleurent et des préposés qui font le va-et-vient dans l’étroit corridor que nous avons essayé de dormir, certains réussissant mieux que d’autres avec l’aide ou non de somnifères.
En après-midi, nous sommes partis à la découverte de Shanghai, et ce, par la manière usuelle de procéder, c’est à dire en commençant par la rue du Bund qui longe la rive occidentale du Huangpu Jiang. On y retrouve là une impressionnante succession de beaux édifices néoclassiques remontant à l’époque ou les Européens, les Japonais et les Américains étaient les maîtres de la ville (l’âge d’or de Shanghai). À l’origine, paisible village de pêcheurs, Shanghai (« au-dessus de la mer » en chinois) est une très jeune ville qui, avant de devenir une des grandes métropoles du monde (24 millions d’habitants), fut une sorte de terrain de jeu et une place d’affaires aux mains des concessions étrangères (résultat d’une clause du Traité de Nankin imposée aux Chinois par les Britanniques dans les années 1840 suite aux guerres de l’opium).

En nous promenant sur le Bund et sur la rue Nanjing (un mélange des Champs Élysée parisiens et de la 5 th avenue de New York - avec une petite touche de Time Square) qui lui est perpendiculaire, nous avons été estomaqués par l’occidentalisation des lieux et de beaucoup de gens qui s’y promenaient. Nous étions bien loin des airs orientaux que nous avions vus dans le reste de la Chine! Dans la soirée, nous nous sommes dirigés vers le cirque de Shanghai. Nous avons eu droit à tout un spectacle où se côtoyaient acrobates, danseurs et jongleurs. Le clou de la soirée a été le moment incroyable où nous avons pu voir 5 motos roulant ensemble dans une énorme sphère de métal.

Nous aimerions maintenant insister sur la drôle de position qu’un tel voyage au bout du monde nous a amenés à occuper malgré nous. À Montréal, les Franco-québécois comme nous, formons la majorité et c’est inévitablement ceux et celles qui ne rencontrent pas les paramètres identitaires qui y sont rattachés dans notre esprit que nous percevons comme minoritaires (visibles, ethniques, linguistiques, etc.). Or, ici en Chine, c’est nous la minorité visible. Renversement des positions (majoritaire-minoritaire, natif-étranger, soi-autre, etc.) qui n’a laissé personne indifférent dans notre groupe! Qu’il est puissant le regard de l’autre quand c’est nous même qui portons le stigmate de l’altérité. Aussi, à la fin de ce périple de 3 semaines à travers la Chine des grandes villes et moins grandes villes (!), nous pouvons dire que nous avons été perçus par 4 regards différents : 1) le regard vénal des (trop) nombreux « marchands du temple »; 2) le regard curieux et bon-enfant des natifs percevant pour la première fois des « grands nez » (une rareté dans certains coins de la Chine); 3) le regard admiratif (et un peu colonisé) des Chinois pâmés par le blanc occidental, et finalement; 4) le regard voyeur de certains hommes (certaines fois celui des touristes indiens ou pakistanais et non celui des Chinois!).

Premièrement, le regard marchand ou vénal est évidemment celui qui est le plus fréquent. Chaque jour, des vendeurs de gugusses nous regardaient comme si nous étions une marmite d’or sur deux pattes. C’est là un regard quelquefois harcelant, mais qui est fort compréhensible dans les circonstances. Le deuxième regard nous est apparu, surtout dans les petites villes que nous avons visitées, empreint de curiosité (sans malice aucune) et souvent discret devant la rareté exotique que nous semblions incarner. Dans la gare bondée de Luoyang, par exemple, avant de prendre le train pour Shanghai, ce regard était très insistant; certains d’entre nous ont même dit qu’ils se sentaient comme si nous étions des bêtes de cirque! Les gens nous regardaient avec de grands yeux, mais semblaient trop gênés pour nous approcher. Nous avons également pu voir le regard admiratif de beaucoup de Chinois devant l’Occidental. C’est ce regard qui nous a souvent conduits à accepter de poser avec eux, après qu’ils aient eu le courage de nous demander la possibilité de nous photographier. Benjamin et moi avons fait l’objet de nombreuses sollicitations afin de les autoriser à prendre des photos de nous avec eux. Et c’est toujours avec le sourire que nous avons acquiescé; nous savons bien qu’avec ses cheveux blonds et mes cheveux roux, nous ne passions pas inaperçus. De plus, Jean, notre guide, nous a appris que dans certaines villes, les Chinois n’ont pratiquement ou jamais vu d’Occidentaux (qu’ils appellent « les grands nez ») de leur vie. Cependant, dans de grandes villes comme Shanghai qui sont très touristiques, nous avons eu l’impression que les Chinois demandaient à prendre une photo avec nous dans le but de montrer cette photographie à leur proche, comme si nous étions un objet non seulement de fascination, mais aussi de distinction. Finalement, le type de regards que nous avons le moins apprécié est le regard voyeur et quelquefois insistant des hommes sur les filles. Ce regard dérangeant en a mis quelques-unes du groupe mal à l’aise à quelques reprises.

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12 juin

Jour 15 : Kung-fu fighting
Par Tania Bertrand et Marianne Demers


La journée commence officiellement par la visite du temple de Shaolin. Pour ceux qui ont reconnu le nom (un film d’action homonyme tourné en 1982 est responsable de sa notoriété), vous avez probablement deviné juste : Shaolin est synonyme d’arts martiaux chinois. Le kung-fu est l’un de ces arts développés il y a 400 ans par Bodhidharma, un moine bouddhiste venu s'installer dans ce lieu géographique exceptionnel. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis. Ainsi, succombant aux trompettes de la renommée, les moines à la tête rasée pratiquent toujours le bouddhisme dans leur temple, mais leur monastère constitue davantage une entreprise commerciale qu’un véritable lieu de culte…

En chemin pour nous rendre au temple de Shaolin, la première chose que notre groupe a aperçue est une troupe de jeunes hommes courant en rangs serrés sous le chaud soleil matinal plombant la vallée. Une deux, une deux… c‘est à ce moment que j’ai fait le rapprochement entre cette célébrissime école de kung-fu et l’institution de l’armée. Port obligatoire de l’uniforme, respect de l’autorité et de la hiérarchie, docilité et conformisme constituent assurément des normes communes. Aussi, il n’est pas surprenant d’apprendre que la majorité des diplômés de cette école intègrent l’armée chinoise ou deviennent gardes du corps. Bien sûr, outre l’art du combat, ils apprennent à lire, à écrire et à compter comme dans toute école. Mais, sans trop grand risque de se tromper, on peut affirmer que la pensée critique n’est pas au programme… On a ici la claire illustration du puissant appareil de conditionnement idéologique que constitue une telle école spécialisée dans l’apprentissage des arts martiaux.

Une fois face au temple proprement dit, nous sommes d'abord encadrés par deux grandes enseignes décrivant le lieu de naissance du kung-fu, puis celui du « bouddhisme zen ». Puis nous somme escortés vers l'entrée par deux lions typiquement chinois, l'un mâle à droite, l'autre femelle à gauche. Autant représentent-ils la puissance du bouddhisme en Chine, autant y sont-ils postés en tant que gardiens des lieux. Une fois le couple de statues passées, trois choix s'offrent à nous. Seulement l'une de ces trois portes vous permettra d'entrer dans le temple, car, spirituellement, il vous faudra choisir l'une des trois voies possibles pour atteindre le nirvana. Sans entrer dans plus de détails, l'intérieur du temple est magnifique! Les statues d'animaux mythiques, les gigantesques stèles de pierres, les bouddhas géants et dorés et les fresques peintes sur les murs abondent aux côtés d'arbres plusieurs fois centenaires, éparpillés sur les différents paliers en pierre structurant le temple.

Pour continuer un peu plus sur le bouddhisme, la guide nous a expliqué que le monastère avait d'abord été construit par un autre moine bouddhiste, lui aussi indien, pratiquant une branche autre que celle de Bodhisharma. Malheureusement pour le premier moine, ses enseignements n'ont pas enthousiasmé les Chinois de l'époque et il délaissa le monastère et ne choisit pas Bodhidharma comme lieu de recueillement. Il aurait passé 9 ans, assis devant une même pierre où le soleil y aurait imprimé les contours de son ombre avec le temps, à méditer pour enfin connaître une illumination. Ce qu’il a compris demeure un mystère. Par contre, on peut supposer qu’il y aurait forgé sa philosophie sur l’importance de l’introspection.

C’est ainsi que le bouddhisme est originaire d'Inde, mais selon le chemin qu'il a pris pour entrer en Chine, il s'est vu modifié et remodelé aux goûts des Chinois pour créer le bouddhisme chinois, celui du « grand véhicule » très différent de celui en Inde. Les Chinois se sont approprié cette religion-philosophie en la mélangeant à leurs propres valeurs et croyances et l’adaptant à leurs besoins journaliers et spirituels. Le bouddhisme chinois est aussi multiple, trois sortes différentes étant pratiquées en Chine. Par exemple, des trois sortes, seuls les moines de Shaolin se sont vus octroyer le droit, par l’Empereur, de manger de la viande et de boire de l’alcool.

Dans une perspective plus générale, tout ce qui entre en Chine semble condamné à se siniser. L’exemple le plus concret dans le temple est donné par l’intégration de symboles se rattachant à l’Empereur. Les bêtes mythiques dont j’ai parlé plus tôt sont, par exemple, certains des quatre fils du dragon, une tortue géante ou bien une sorte de chien à écailles avec une tête de dragon. Aussi, au plafond de plusieurs salles sont peints ou gravés des dragons, signe de la puissance de l’Empereur. Il y a très longtemps, c’est la religion qui dominait; il y a un peu moins longtemps, c’est le communisme chinois qui a trouvé preneur et, de nos jours, ce sont les grandes entreprises qui transforment à la vitesse grand V le destin de l’Empire du Milieu devenu une sorte de « socialisme de marché »! Faut croire que tout ce qui est exporté en Chine tend à se siniser.

Derrière le temple se dresse une colline d'environ 900 mètres de haut. Une simple colline, s’est amusé à dire notre guide national. Comme quoi tout est relatif! Ce n'est pas ce qui s'appelle une colline dans mon livre à moi! L'ascension a été plutôt ardue pour plusieurs. Imaginez : monter des marches pendant trois quarts d'heure sous un soleil de plomb, avec un manque d'eau (quand on en avait, elle devenait rapidement chaude) et accompagnés d'abeilles géantes pour ceux que ça dérange. Seule, j’aurais trouvé la montée pénible, avec de bons compagnons, elle devenait simplement difficile. Par contre, une fois arrivé au sommet, une vraie récompense! On peut soit se reposer sous une sorte de tonnelle chinoise, enfin à l’ombre, ou bien choisir de continuer de braver le soleil aux côtés d’un gigantesque bouddha. La vue en valait définitivement la peine! Les montagnes de la région encerclent les quelques petits groupements de maisons dans le creux de la vallée. La végétation, quasi absente de la plupart des lieux que nous avions visités, devient ici la maîtresse des lieux! Les arbres (dont quelques conifères à peine) et buissons s’étendent à perte de vue, ne laissant tranquilles que les maisons et les rares flancs totalement rocheux de certaines montagnes. Des papillons de toutes les tailles et couleurs volettent tranquillement par-ci par-là. On se serait cru au paradis. Ce qui me fait justement un peu penser au bouddhisme. La route est longue et difficile, et peut être multiple (certains chemins se séparaient pour à nouveau se rejoindre plus loin), pour être un bon disciple. Par contre, une fois parcourue, cette route vous amène aux plus beaux lieux, à un état de bien-être suprême. Certains zélés réussiront à atteindre le stade de bouddha.

Cette journée se termina officiellement par le spectacle de kung-fu fait par des élèves de Shaolin. Ils étaient très impressionnants, surtout les plus jeunes. Cependant, le point culminant du spectacle fut sans aucun doute le moment où deux de nos étudiantes québécoises se sont portées volontaires pour participer au spectacle. Le but de l’exercice était d’imiter les mouvements des élèves, cela a eu comme effet des éclats de rire général de toute la salle. Cependant, malgré ses hésitations, Éliane Payette s’est tout de même mérité un prix pour sa surprenante agilité en kung-fu.

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